Pourquoi je NE suis PAS un végane apologétique
Apologétique signifie : “qui contient une apologie”. En gros, je vais expliquer pourquoi je ne m’excuse pas d’être végane, mais surtout pourquoi je ne m’excuse pas de mettre en avant mes principes.
Cela fait 4 ans que je suis végane, après avoir été végétarien pendant 6 mois. Le véganisme commençait à devenir quelque chose de plus connu par le grand public, bien que ça n’ait déjà rien à voir avec ce que les gens en pensent actuellement.
Aujourd’hui, presque tout le monde sait ce que c’est et tout le monde sait qu’il y a plusieurs millions de personnes qui sont véganes. Le véganisme est un mode de vie viable qui croît en popularité. Des véganes ont d’excellentes performances en athlétisme, dirigent des sociétés fructueuses, fondent des familles véganes et en bonne santé. Et ça change tout. Que ce soit conscient ou non, les non-véganes vivent avec l’inconfort qu’ils contribuent à une violence inutile envers d’autres êtres vivants. La plupart d’entre nous (véganes et non-véganes) s’accordent sur un point : ce n’est pas normal de causer du mal inutilement à des animaux. Ainsi, simplement être végane en présence de personnes non-véganes leur fait se sentir attaquées parce que ça leur rappel ce fait sensible.
Par contre, ceux qui embrassent le véganisme sont confrontés à un autre genre de lutte. On se sent parias de sa tribu, de sa famille ou de son groupe social. Chaque choix qui nous met à part de notre groupe nous expose à une pression “retour en arrière”.
Pour t’aider à comprendre pourquoi dire “Je ne suis pas ce genre de végane” est problématique, je vais partager avec toi un bout de mon histoire personnelle quand j’étais enfant.
Il y a un phénomène social que tout le monde connait un peu, au moins pour l’avoir vécu à l’école. Et il s’agit d’un modèle qui est pourtant on ne peut plus présent aussi dans le monde des adultes.
Quand j’étais gamin, j’étais difficile et très peu sociable. J’ai eu vite fait d’être la tête de turc (très vilaine expression, au fait). Il y avait quelques autres personnes comme moi, des parias. Se dessinait alors une sorte de hiérarchie sociale. Cette hiérarchie était toujours rendue visible et renforcée, par exemple quand il était question de choisir des coéquipiers lors des activités.
Quand on est désigné comme un vilain canard, on peut observer que l’on ne traine pas entre vilains canards. C’est même l’inverse. On pense que si on traine avec d’autres camarades qui sont mal perçus par ceux qui sont plus hauts dans la hiérarchie sociale, on sera encore plus mal vu. Et le plus oppressé on se sent, le plus à l’écart des autres parias on se tient.
Ce que j’ai pu observer est cohérent avec des cas documentés de groupes oppressés. Une façon commune de gérer ce cas est de se tenir éloigné de ceux que le groupe dominant désigne comme les plus problématiques. Soutenir la perspective de l’oppresseur, s’aligner même un tout petit peu derrière ceux qui ont le pouvoir. En d’autres termes, certains véganes joignent la classe oppressive et jettent les véganes activistes sous le bus, pour permettre de s’isoler de la pression “retour en arrière” du paradigme dominant.
C’est ce qui se passe quand tu entends quelqu’un dire “Je ne suis pas CE genre de végane”. Bien que ça puisse aider la personne qui exprime ce sentiment à se mélanger confortablement et se sentir acceptée par ceux qui permettent toujours l’oppression, ça va contre notre cause. Nous avons BESOIN de personnes qui veulent dénoncer à voix haute l’injustice. Quand des véganes disent à d’autres, “Je ne suis pas CE genre de végane”, c’est clairement l’expression d’un jugement de valeur envers les personnes qui dénoncent. Ça isole les activistes. Ça fait que les autres véganes qui envisagent de parler se sentent honteux en silence. Ça soutient et renforce le paradigme dominant. Si les nôtres - c’est-à-dire ceux qui choisissent de s’abstenir de toutes violences intentionnelles à l’égard d’autres êtres vivants - pensent qu’on a tort d’oser mettre en évidence la violence faite aux animaux, c’est jouer le jeu du paradigme oppressif. Ça fournit également une raison supplémentaire aux non-véganes d’ignorer le véganisme dans son ensemble.
Peux-tu me citer un exemple de progrès fait pour une injustice sociale qui n’était PAS le résultat de quelqu’un essayant de pousser ses valeurs ? C’est pour ça que je continuerai de dénoncer et de réveiller les consciences comme je le peux.
Je ne m’excuserai pas de dénoncer quand je vois une injustice, et le plus de personnes il y aura à se joindre à moi, le mieux notre monde se portera.